• Actuellement, ils sont au nombre de trente cinq : 20, rue des Roches et 15 près de N.D des Prés et Chemin du Marais. La plupart d’entre eux résident à Mondeville ou à Caen. Les plus jeunes sont âgés de 40-45 ans. Le doyen a fêté ses 83 printemps (son prédécesseur est décédé à l’âge de 89 ans). La moyenne d’âge de l’ensemble des jardiniers est de plus de 60 ans. Les retraités sont surreprésentés. Beaucoup ont travaillé à R.V.I., à La S.M.N. ou à La S.N.C.F.

    Les hommes sont majoritaires, seulement quelques femmes viennent régulièrement.

     


  • Durant les années 60, l’enrichissement relatif de la classe ouvrière, l’urbanisation croissante et la spéculation foncière entrainent la quasi disparition des jardins ouvriers. Au milieu des années 70, un mouvement inverse se produit : nous assistons à un regain d’intérêt pour le jardin potager. La crise économique devenue chronique, la remise en cause des modèles de développement et la place prise par les thèses écologiques provoquent un renversement des priorités.

    A partir des années 90, les comportements alimentaires changent. Les aliments produits de manière industrielle sont dépréciés voire considérés comme nocifs pour la santé. On consomme plutôt des produits ayant plus de saveur et de meilleures qualités biologiques.

    Le jardinage redonne également un lien direct avec la terre que les citadins ont perdu en trois générations. Enfin, le jardin dicte ses lois rassurantes dans une société qui cherche des repères et des valeurs.


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  • ...Les marais sont des biens communaux qui appartiennent aux “Messieurs de Fécamp” et ont été partagés. Leur usage en est divers quoiqu’ils soient désignés sous le nom générique de jardins sur le cadastre de 1810. A partir de quelques rares documents, il est possible de se faire une idée de leur utilisation et de la permanence de celle-ci de 989 à 1791. Les jardins sont faits de parcelles lanièrées, longues d’une centaine de mètres pour quelques mètres de large pour une superficie de l’ordre de l’âcre. Ils sont séparés de fossés d’écoulement. La terre y est bonne et noire qu’il s’agisse d’alluvions fluviatiles halocènes et récentes, limono-argileuses de remblaiement de la vallée de la Gronde et du Biez en amont de Bellemaist, inondables lors des grandes crues, ou qu’il s’agisse des terres de remblaiement fluvio-marin flandrien, sablo-argileux de la basse vallée du Biez et de l’Orne, haute schorre qui domine de quelques centimètres la basse schorre des prairies.

    ...Les impôts et loyers réclamés par “les Messieurs de Fécamp” nous montrent l’ancienne agriculture du marais : chaque fermier devait payer “en monnaie” et en nature (petits fruits, légumes, pigeons, chapons, melons et pipe de cidre).

    ...En 1995, il ne reste plus que deux familles de maraîchers (pour 1,5 ha et 1 ha) dont l’un descend des meneurs des procès du XVIIIème siècle et du syndicat, l’autre d’immigrés ukrainiens venus travailler aux hauts-fourneaux et quelques jardins ouvriers. La commercialisation passe par les marchés hebdomadaires de l’agglomération. La production est insuffisante et trop peu standardisée pour passer par le marché de gros.

    VIE ET MORT D’UNE SOCIETE PAYSANNE. JEAN

    -PIERRE MICHEL*. CRESO. UNIVERSITE DE CAEN. B.M N° 60. OCTOBRE 1996.

    * ancien conseiller municipal


  • Mr Michel KALATCHIKOFF (dernier maraîcher en activité)

    Mr KALATCHIKOFF a débuté le maraîchage en 1967. A cette époque, il y avait entre vingt et trente maraîchers. Aujourd’hui, il est le dernier représentant de la profession à Mondeville. Selon lui, “Il n’y a pas eu de relève”. Actuellement, il possède deux parcelles, rue de Brière . Leur surface réunie fait 1 ha. Il cultive des salades, des radis et des carottes. Enfin, il écoule sa production au marché de gros à Caen, cour Caferelli.

    Mr Christian VARIN (fils de maraîchers)

    Ses parents ont exercé cette activité du début des années 50 jusqu’à la fin des années 70. Ils cultivaient des poireaux, des laitues , des scaroles, de la mâche et des radis. “L’hiver, ils préparaient le terrain. Il n’y avait pas de cultures. Le printemps était la période des radis et de la laitue. En été, ils faisaient des poireaux et de la salades. En automne , ils semaient de la mâche”. Durant cette saison, tous les jardiniers curaient les fossés et le Biez jusqu’à son embouchure. Enfin, ils vendaient leur récolte au marché de gros à Caen, quai de la Londe. “Il y avait deux secteurs : un pour les professionnels et un pour les particuliers”. Beaucoup d’ouvriers de la SMN durant les années 60-70 avant ou après leur journée de travail cultivaient des parcelles de terrain et vendaient leur production à ce marché ou aux marchés St Sauveur ou place Courtonne à Caen.

    Mr Jean LAMY (fils de maraîcher)

    Autrefois, “on faisait cinq récoltes par an. Il y avait deux récoltes de radis. Ensuite, venait celle des salades (chicorée, laitue et escarole) puis celle des carottes. On terminait par la récolte des choux-fleurs. On ne cultivait pas de pommes de terre car le sol est trop humide”. Au mois de septembre, les maraîchers arrêtaient leur activité.

    Jadis, il y avait des cultures maraîchères, chemin du Marais, près de ND des Prés, face à la rue des Roches. A la fin des années 70, le maraîchage a presque disparu suite à la construction du périphèrique. “un procès a eu lieu... Les propriétaires ont reçu une indemnité. Par la suite, la commune a acheté la plupart des parcelles. Une seule n’a pas été acquise à ce moment là. Elle se situait près de la Cartoucherie”.

    Mr Claude LEMARCHAND (ancien maraîcher)

    Jadis, les maraîchers curaient individuellement, trois ou quatre fois par an, le réseau des petits fossés. Les canaux principaux et le Biez étaient nettoyés une fois par an par l’ensemble des jardiniers. Pour cela , ils utilisaient des pelles à vase (pelles percées de trous), des crocs et des louchets.

     

    Des témoignages collectés, il ressort que le métier de maraîcher est pénible. Le labeur est permanent. La quasi totalité des tâches sont à réaliser manuellement. Enfin, la course aux primeurs est éreintante et stressante car c’est une question de jours pour les obtenir à temps.


  • Les cultures maraîchères en zone péri-urbaine autour de Caen ont une origine semblable à celle de toutes les ceintures vertes des grandes villes françaises. Les jardins familiaux qui entouraient la ville ont progressivement et naturellement laissé la place à des exploitations maraîchères. Dès le début du XIXème siècle, Caen fournissait un excellent marché de consommation pour toutes les productions légumières de sa région. C’est au commencement du XIXème siècle que le maraîchage atteignait son maximum de surface, notamment dans les zones péri-urbaines de Venoix, la Maladrerie à l’Ouest, Mondeville, Colombelles à l’Est, Ifs, au Sud, Couvrechef, Hérouville au Nord. La commercialisation se faisait en grande partie au marché de gros où chaque petit exploitant apportait “sur le carreau” ses productions. Cette traditionnelle forme de vente a incroyablement résisté à l’usure du temps et au développement des modes plus modernes de communication.

    ... En 1976, l’implantation du périphèrique à l’Ouest de Caen a provoqué l’expropriation*de sept maraîchers sur le territoire de la seule commune de Mondeville. L’intervention du Syndicat des Maraîchers et Producteurs de Légumes avec le maire de la commune et la F.D.S.E.A. a permis d’obtenir de trop maigres compensations. Il a fallu recourir au tribunal adminitratif...

    LES FRUITS ET LEGUMES DANS LE CALVADOS.

    COLETTE MULLER. THESE DE DOCTORAT. 3ème CYCLE. UNIVERSITE DE CAEN DECEMBRE. 1977.

     

    *

    Plus exactement, le remblai nécessaire à la construction du périphèrique a modifié l’équilibre de cette zone. La pression de cette masse de terre sur la tourbe gorgée d’eau, l’a, en effet, rendue plus humide et quasi inculte. Les maraîchers perdant leur moyen de subsistance ont demandé une indemnisation compensant leur préjudice.