• VIE ET MORT D'UNE SOCIETE PAYSANNE

    ...Les marais sont des biens communaux qui appartiennent aux “Messieurs de Fécamp” et ont été partagés. Leur usage en est divers quoiqu’ils soient désignés sous le nom générique de jardins sur le cadastre de 1810. A partir de quelques rares documents, il est possible de se faire une idée de leur utilisation et de la permanence de celle-ci de 989 à 1791. Les jardins sont faits de parcelles lanièrées, longues d’une centaine de mètres pour quelques mètres de large pour une superficie de l’ordre de l’âcre. Ils sont séparés de fossés d’écoulement. La terre y est bonne et noire qu’il s’agisse d’alluvions fluviatiles halocènes et récentes, limono-argileuses de remblaiement de la vallée de la Gronde et du Biez en amont de Bellemaist, inondables lors des grandes crues, ou qu’il s’agisse des terres de remblaiement fluvio-marin flandrien, sablo-argileux de la basse vallée du Biez et de l’Orne, haute schorre qui domine de quelques centimètres la basse schorre des prairies.

    ...Les impôts et loyers réclamés par “les Messieurs de Fécamp” nous montrent l’ancienne agriculture du marais : chaque fermier devait payer “en monnaie” et en nature (petits fruits, légumes, pigeons, chapons, melons et pipe de cidre).

    ...En 1995, il ne reste plus que deux familles de maraîchers (pour 1,5 ha et 1 ha) dont l’un descend des meneurs des procès du XVIIIème siècle et du syndicat, l’autre d’immigrés ukrainiens venus travailler aux hauts-fourneaux et quelques jardins ouvriers. La commercialisation passe par les marchés hebdomadaires de l’agglomération. La production est insuffisante et trop peu standardisée pour passer par le marché de gros.

    VIE ET MORT D’UNE SOCIETE PAYSANNE. JEAN

    -PIERRE MICHEL*. CRESO. UNIVERSITE DE CAEN. B.M N° 60. OCTOBRE 1996.

    * ancien conseiller municipal